La situation géographique et la population
Crézancy (Cressensaens ou Cressenciacus en 1335) tire son nom du fondateur CRESENCIUS d’une villa gallo-romaine. C’est un village de l’ancienne Brie Champenoise (ou Brie Pouilleuse) situé à 8 km de Château-Thierry, 48 km d’Epernay, 106 km de Paris et 90 km au sud de Laon. Autrefois des généralités et diocèse de Soissons, il fait partie de l’arrondissement de Château-Thierry et du canton de Condé-en-Brie situé à 6 km. Sa superficie n’a semble-t-il peu variée et est de 706 hectares. Les communes limitrophes sont : Connigis, Fossoy, Mézy-Moulins, Reuilly-Sauvigny, Saint-Eugène et les hameaux sont : Paroy, Launay, Bresset, Laval, La Boissière, Le Louvrien et Echamps.
Crézancy dispose de 85 feux en 1760, et 467 habitants en 1793 dont 150 de plus de 21 ans. Entre 1790 et 1800, 176 naissances, 42 mariages et 132 décès se produirent soit un accroissement de 44 habitants. À cette époque, trois aubergistes cultivateurs exercent aidés chacun par un apprenti et un compagnon. On trouve aussi notamment quatre cabaretiers, deux maréchaux, un voiturier, un marchand de bois, un chirurgien, un instituteur, un curé, un notaire, deux tisserands en toile, un maître de poste avec huit compagnons et deux apprentis et cinquante vignerons.
La population s’accroît de 1793 à 1841 pour atteindre 643 habitants puis décroît jusqu’en 1876 arrivant à 506 habitants. Elle se relève et atteint 720 habitants en 1901, statistique légèrement gonflée par l’arrivée des élèves du Pensionnat de Sœurs (qui sera supprimé en 1911) et de l’école d’agriculture. La guerre provoquera évidemment une baisse de la population et des dégâts considérables dans le bourg.
En 1946, y résident 650 habitants avec une densité de 92 habitants par km2.

Les voies de communication
La localité est desservie :
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par la route nationale Paris-Metz qui la traverse dans le sens est-ouest
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par le » chemin de la grande communication » de la Ferté Milon à Orbais dans le sens nord-sud
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par l’ancienne route de Dormans qui traverse le hameau de Paroy
La ligne de chemin de fer (Château-Thierry à Romilly-sur-Seine) à voie unique dessert la halte de la commune. Dans la vallée, les haltes se situent à Connigis-Saint-Eugène puis Condé-en-Brie.
Le relief
Crézancy est situé dans la vallée du Surmelin, cours d’eau qui prend sa source dans la forêt de la Charmoye près de Montmort dans la Marne : Léon COURAJOD la situe exactement au lieudit Les Mardelles, sur la commune de La Caure. Il quitte le département de la Marne à Le Breuil, Baulne l’accueille dans l’Aisne et son confluent avec la Marne est situé à proximité de Mézy-Moulins après environ 40 km (25 dans la Marne puis 15 dans l’Aisne). Le village est dominé à l’est et à l’ouest par des coteaux d’une altitude moyenne de 220 m. À l’est, la commune est dominée par la côte de Paroy et à l’ouest par la côte des Grèves. Quelques altitudes de lieux caractéristiques du bourg :

La commune est abondamment pourvue d’eau grâce au Surmelin et à ses deux petits affluents (arrosant La Boissière et Launay). De nombreuses sources issues principalement de la côte ouest et captées pour la plupart sont présentes sur le territoire ainsi qu’une nappe à faible profondeur à laquelle sont dus les bassins et fontaines existant dans les caves de bon nombre de maisons. Ces eaux sont particulièrement chargées de calcaire.
Notons aussi que l’aqueduc de la Dhuys (captation) passe à flanc de coteau à l’ouest du village. En 1854, le Conseil Municipal de Paris vote la captation de la Dhuys à la demande du baron HAUSSMANN qui souhaite assurer une alimentation en eau saine aux habitants de la capitale : l’objectif est de fournir 40 000 m3 par jour aux parisiens. En 1859, la ville de Paris acquiert les sources de la Dhuys et moult sources moindres de la zone. Le Sénat promulgue le décret du 4 mars 1862 qui approuve le projet et déclare d’utilité publique les travaux à effectuer pour la dérivation des sources. Après examen de diverses plaintes, cette déclaration est maintenue lors de la séance du le 28 juin 1862. Les travaux débutent à partir de 1863. L’ingénieur géologue Eugène BELGRAND mène les travaux. La mise en service a lieu le 1er octobre 1865 : à l’issue de 131 km, cinq départements et vingt-et-un siphons, l’eau atteint le réservoir de Ménilmontant à Paris.
Certains envisagèrent même la captation du Surmelin : le 19 mai 1862, le Sénat prend en compte trois plaintes contre ce projet : la première émane de quatorze maires, 211 habitants d’Orbais ont signé la deuxième, et enfin la dernière est constituée par 42 signatures d’un syndicat de défense de la vallée du Surmelin.
Lors de la fameuse crue de 1910, la cavalcade eut pour objectif d’apporter une aide aux nombreux sinistrés de la vallée du Surmelin mais certainement aussi aux voisins de la vallée de la Marne.
Le climat
Le climat de la commune est celui du bassin parisien, la température moyenne étant de 12°. La hauteur d’eau de pluie moyenne est de 631 mm répartie sur 116 jours. Les vents dominants sont ceux du sud-ouest et ouest.
Le sol, la végétation et l'agriculture
La composition des terrains est très variable, toutefois on peut la résumer ainsi : terrains argilo-silico-calcaires qualifiés de terres d’éboulis. On trouve en maints endroits des poches de sable jaune et d’énormes grès. Au fond de la vallée du Surmelin se trouve une bande de terrains bourbeux. Vers Reuilly-Sauvigny sont situées quelques carrières de pierre meulière.
La végétation spontanée est constituée notamment de prêle, renoncules, liserons, genêts, bleuets, coquelicots, chardons, rumex… Les cultures principales concernent les céréales, betteraves, pommes de terre et les prairies artificielles présentent de la luzerne et du trèfle.
Les terrains fournissent à l’agriculture des amendements (sable et marnes) et des matériaux pour l’empierrement des chemins (calcaire grossier, silex, grès). Sur les pentes, on rencontre des terres froides difficiles à travailler, tandis que dans la vallée du Surmelin, les terres sont faciles à travailler mais risquent l’inondation l’hiver et le printemps.
L’évolution de la répartition des différents types de terrains est la suivante :

L’exploitation de la terre est assurée principalement par deux fermes, les autres territoires étant très morcelés et exploités par un petit nombre de propriétaires. L’école d’agriculture a pris place sur l’ancien domaine » Ferme de la Croix de Fer « . Elle a été reconstruite par Alexandre DELHOMME en 1878 et fonctionne en 1891. Elle fût détruite en 1918 et réouverte en 1924 après trois années de travaux. Son domaine agricole s’étend alors sur plus de cent hectares. Son cheptel vivant se compose essentiellement d’animaux sélectionnés. À partir de 1925, un Office Agricole Départemental est couplé à l’école et réalise moult essais, études et comparaisons dans tous les domaines agricoles : variétés de céréales, plants, engrais, traitements, amendements, viticulture, contrôle laitier…
Le sort s’acharne en 1947 : le 11 novembre le feu se déclare dans son enceinte.